Accueil Hybridation génétique, non, ce n’est pas un gros mot !

Qu’est-ce que l’hybridation génétique ?

Plutôt que de reprendre l’étymologie, la définition selon Wikipédia, Le Petit Robert, et le Grand Manitou… imaginons plutôt une palette de couleurs.

Chaque couleur serait un caractère génétique.

Lorsque l’on mélange deux couleurs primaires identiques, par exemple du bleu avec du bleu…  Sans trop de surprise, on obtient du bleu. Ce même bleu, si on le mélange avec du jaune, on obtiendra du vert.

Pour faire hyper simple, pour chaque caractère génétique, imaginons les 2 parents transmettre leurs couleurs. Celles-ci sont est elles-mêmes issues des couleurs transmises par les parents, et qui vont prendre plus ou moins le dessus lorsqu’elles sont re-mélangées…

Plus les couleurs transmises sont homogènes, mieux nous pourrons être certains du résultat des mélanges. En revanche dès lors qu’on mélange des mélanges, tout se complexifie, surtout lorsqu’il ne s’agit plus de couleurs mais de génétique.

Revenons à nos moutons… heu, à nos poules !

Lorsque l’on fait reproduire 2 poules de mêmes races pures, le phénotype (caractéristiques génétiques exprimées) est sensiblement le même. Si l’on croise 2 Marans, normalement Mademoiselle Marans pondra des œufs chocolat, aura des plumes aux pattes comme sa mère (la pauvre on ne choisit pas ses parents), une queue petite et serrée (pas comme son père, hein !), aura un plumage caractéristique de sa variété, et si on la croise avec un bon parti, ils donneront des sortes de petits clones. Si on veut faire de la sélection, on rôtira ceux qui ne pondent pas assez, ou pas assez foncé, auront un œil trop clair, des oreillons trop blancs, du bouffant aux cuisses… bref, on cherche à obtenir des sujets de bonne famille, de belles lignées, qui se ressemblent et qui s’assemblent.

Si l’on fait reproduire 2 sujets dont les caractères sont eux-mêmes issus de mélanges : par exemple notre vert avec du rouge, on obtiendra un espèce de marron foncé, plus ou moins foncé si le rouge est lui-même un re-mélange avec un peu de violet, ou s’il est un mélange pur de rouge. Bref, on l’aura compris, on va commencer à cogiter beaucoup pour savoir ce que donnera quoi avec qui. A condition que l’on connaisse toutes les règles pour toutes les couleurs.

En génétique, c’est encore + compliqué : on ne sait pas bien quel gène (génotype) va donner quelle caractéristique visible (phénotype). Il faudrait connaître à la fois les antécédents complets, mais aussi les règles exactes. Le nombre de paramètres et de possibilité varient dès les premiers mélanges.

Une poule « hybride » industrielle dans tout ça, qu’est-ce que c’est ? Eh bien elle arrive quand l’industrie a croisé notre bleu avec notre jaune. Mais attention, pas n’importe quel bleu avec n’importe quel jaune. Le vert obtenu (pas n’importe quel vert), c’est notre hybride F1.

Les scientifiques, eux, dans les couvoirs, savent exactement comment produire quel type de vert avec quel type de bleu et de jaune. Ils ont à la maison le bleu qui va bien et le jaune qui va bien. Et ces sujets-là, on ne les verra pas. Ce sont les ingrédients de leurs potions magiques. Ils vont savoir obtenir la célèbre rousse Isa Brown à partir de savants mélanges composés de souches issues de Rhode Island par exemple. Une recette bien gardée qui va nous donner une poule précoce, économique, productive, qui répond à un cahier des charges bien précis.

Et à la maison, notre jolie pondeuse, si on veut la faire reproduire, on n’aura ni le bleu, ni le jaune initial, ni le papa qui saura redonner du jaune. On mélangera donc notre jaune avec autre chose… et ça fera donc très vite également encore autre chose. Souvent du marron, souvent du marron caca d’oie d’ailleurs. Une espèce de mélange qui n’aura plus le même aspect, les mêmes qualités de ponte, ou encore de cohérence avicole. Bien souvent on voit vite réapparaître un aspect « courte-patte », gène récessif qui se balade dans le patrimoine génétique présent dans la recette de départ. Et comme la formule magique est également très très bien étudiée, ça peut également facilement donner à la maison des sujets très peu productifs voire stériles, qui donnent une majorité de coqs, ou même qui ne se développeront pas normalement… le facteur Echec introduit par les scientifiques est bien étudié, de sorte qu’on arrêtera bien + vite que si on fait nos petits croisements de nos races et souches issues de notre jardin. L’échec sera moins rapide.

Alors laissons les potions magiques aux sorciers. Nous ne gagnons rien à jouer avec des formules non maîtrisées. Comme pour les tomates, une F1 n’est pas faite pour être reproduite. C’est tout ce qu’il y a à savoir. Parce que l’on est curieux par nature, on a tous été tentés de le faire quand même. Eh bien c’est un peu comme quand on est enfant, et qu’on s’amuse à mélanger de la lessive avec du shampoing, qu’on y rajoute un peu de sel, de liquide vaisselle et de croquettes pour chien… On a l’impression qu’on vient d’inventer quelque-chose de nouveau dont on sera le seul à avoir le secret…il faut espérer qu’on finisse puni avant qu’on ait essayé d’en faire boire à son petit frère pour tester les propriétés de la pseudo potion magique !

PS: la photo de Stéphane Bern n’est pas libre de droits, mais si j’ai un procès peut-être que je pourrai le rencontrer en vrai, alors ça vaut le coup d’essayer! 😀

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